technologies & enjeux / La vie d’un parc éolien

Les étapes d’un projet éolien

Des premières prospections jusqu’au démantèlement d’un site, une fois son exploitation achevée, la vie d’un parc éolien est rythmée par quatre étapes. Au total, le processus de développement d’un parc éolien terrestre dure en moyenne 7 ans.

La première étape consiste à identifier la zone d’implantation d’un parc éolien. D’une part, les DREAL ont défini des zones favorables répertoriant, à l’échelle régionale, les gisements de vent. Ces cartographies intègrent des données techniques, telles que les capacités de raccordement au réseau électrique, ainsi que diverses contraintes réglementaires, environnementales, paysagères, militaires et patrimoniales.

Une autre approche, ascendante, émerge depuis la loi d’accélération des énergies renouvelables de mars 2023. Les zones d’accélération des énergies renouvelables (ZAER) sont des périmètres définis par les communes après consultation publique, visant à simplifier les démarches administratives pour les porteurs de projets, notamment en réduisant les délais d’instruction des demandes d’autorisation.

Le choix final du terrain se fait sur la base d’un ensemble de mesures visant à déterminer le gisement éolien du site. À cette fin, des campagnes sont réalisées à l’aide de mâts de mesure, durant généralement de 6 à 12 mois.

Les principales mesures portent sur la vitesse du vent (à l’aide d’anémomètres), l’orientation du vent (à l’aide de girouettes), ainsi que sur des données concernant l’humidité, la pression atmosphérique et la température de l’air. Autant d’éléments qui influencent la future production éolienne.

Si les conclusions de l’étude de pré-faisabilité sont favorables et que le projet a suscité l’intérêt des partenaires locaux, des promesses de bail doivent être signées avec les exploitants et propriétaires agricoles des terrains identifiés.

À ce stade, les premières réunions d’information peuvent être organisées afin d’informer l’ensemble des habitants des communes concernées par le projet.

Le développeur a l’obligation de réaliser une étude d’impact pour chacun de ses projets. Il s’agit d’une évaluation globale des effets du projet sur l’environnement, la biodiversité, les riverains, le paysage et le patrimoine local. Ces études sont menées par des bureaux d’études indépendants, spécialisés dans divers domaines tels que l’acoustique, la biodiversité ou encore le paysage.

L’étude d’impact est accompagnée d’une étude de dangers, conformément à la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), dont font partie les parcs éoliens.

Les porteurs de projets éoliens terrestres doivent ensuite déposer une demande d’autorisation environnementale. Celle-ci concerne notamment les éoliennes d’une hauteur d’au moins 50 mètres, classées ICPE. Depuis 2017, cette procédure administrative unique regroupe plusieurs autorisations auparavant distinctes, issues du Code de l’environnement, du Code de l’énergie, du Code des transports, du Code de la défense, du Code du patrimoine ou encore du Code forestier. Son objectif est de garantir que le projet n’aura pas d’impacts significatifs sur le confort et la santé des populations, l’environnement ou la biodiversité. L’autorisation environnementale est délivrée par le Préfet, qui décide d’accorder ou de refuser la construction du parc éolien, ou encore d’imposer des prescriptions d’exploitation (comme des conditions de bridage des éoliennes).

En parallèle des procédures administratives, le développeur éolien doit adresser une demande de raccordement au gestionnaire du réseau électrique. Selon le réseau concerné, cette demande est adressée soit à Enedis (opérateur du réseau de distribution), soit à RTE (opérateur du réseau de transport), soit à une ELD (entreprise locale de distribution).

Dans le cadre de l’instruction des demandes d’autorisation, plusieurs consultations sont organisées :
  • Une enquête publique : les projets de parcs éoliens prévoyant des machines de plus de 50 mètres de hauteur de mât sont soumis à enquête publique. Cette phase permet à la population de consulter toutes les pièces du dossier, de demander des explications et de donner son avis sur le projet avant la fin de l’instruction de demande de permis de construire. Cette enquête concerne, au minimum, toutes les communes voisines du site d’implantation prévu.
À l’issue de l’enquête publique, le commissaire enquêteur analyse les contributions et émet un avis sur le projet, lequel sera ensuite pris en compte par le préfet.
  • Une consultation de la commission départementale de la nature, des paysages et des sites, où siègent notamment des associations environnementales, patrimoniales et paysagères, ainsi qu’une consultation de la DREAL, qui rend un avis global sur l’étude d’impact menée par le développeur. Ces consultations aboutissent à la remise d’avis consultatifs adressés au préfet.
Sur la base de l’instruction effectuée par la DREAL et des avis rendus par les différentes instances consultées, le préfet délivre une décision d’autorisation ou de refus. Cette décision peut faire l’objet d’un recours en justice de la part du développeur. Dans ce cas, plusieurs années peuvent être nécessaires avant qu’une décision définitive soit rendue.

En amont de la construction, le futur exploitant du parc éolien doit lancer une série d’appels d’offres auprès d’entreprises, souvent locales, pour intervenir pour la réalisation du génie civil, de la pose des câbles de raccordement, pour le transport des éoliennes jusqu’au lieu d’installation, etc.

Le déroulement d’un chantier est le suivant :

  • travaux de terrassement ;
  • fondation en béton des éoliennes ;
  • tranchée pour le raccordement électrique ;
  • montage des éoliennes ;
  • essais de mise en service ;

Les travaux de construction du parc durent entre 9 et 24 mois.

Enfin, après des contrôles par des organismes certifiés, les éoliennes sont raccordées au réseau électrique et le parc est mis en service, ce qui marque l’injection des premiers électrons sur le réseau. Cette période est également celle des tests qui déterminent les réglages d’optimisation de chacune des turbines du parc.

Une fois le parc construit et mis en service, son exploitation vise à produire de l’électricité renouvelable tout en garantissant le bon fonctionnement des éoliennes et le respect des réglementations en vigueur. L’électricité produite est injectée dans le réseau et vendue, souvent dans le cadre d’un mécanisme de soutien (obligation d’achat ou complément de rémunération), mais parfois aussi dans le cadre de contrats d’achat d’énergie de gré à gré (Power Purchase Agreement ou PPA). L’exploitation comprend également la maintenance préventive et corrective des équipements, la gestion des performances pour maximiser la production d’énergie, ainsi que le suivi environnemental afin de limiter les impacts sur la faune, la flore et les riverains. Les exploitants surveillent en temps réel les éoliennes grâce à des systèmes de télémétrie permettant de détecter d’éventuelles pannes ou baisses de rendement. L’entretien régulier des composants mécaniques et électriques garantit la longévité des installations, assurant ainsi une durée d’exploitation des parcs de 20 à 25 ans.

La durée d’exploitation d’une éolienne est en moyenne de 20 ans et peut aller jusqu’à 25 ans pour les modèles récents. A l’issue de son exploitation, un parc éolien est démonté et le site est remis en état. L’état dans lequel doit être remis le site est déterminé dès l’arrêté d’autorisation ICPE, après avis de l’exploitant, du maire et du propriétaire. La plupart des composants de l’éolienne sont recyclés.

Les opérateurs peuvent également décider de prolonger l’exploitation du site en remplaçant tout ou partie des éoliennes par une opération de repowering. À mesure du vieillissement du parc national, les opérations de repowering sont de plus en plus fréquentes en France comme en Europe.

LEXIQUE

Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) (DREAL) : services déconcentrés de l’État placés sous l’autorité du préfet de région et des préfets de département, qui sont chargés d’élaborer et de coordonner les politiques nationales en matière de développement et d’aménagement durable, de transition écologique et de lutte contre le changement climatique.

Procédure ICPE : en France, une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE) est un site, public ou privé, qui peut présenter des risques ou des nuisances pour la commodité des riverains, la santé, la sécurité, la salubrité publique, l’agriculture, la protection de la nature et de l’environnement. Au 31 décembre 2014, environ 500 000 établissements (dont 450 000 installations soumises à déclaration) relevaient de la législation des installations classées.