
TEchnologies & enjeux / Éolien et environnement
EOLIEN EN MER et biodiversité
Les acteurs de la filière, en collaboration avec des organismes scientifiques de recherche, sont en phase de collecte de donnée s et d’observation afin d’améliorer les connaissances sur les espèces et les habitats. Cependant, certaines phases spécifiques de la vie d’un parc éolien en mer ont déjà été identifiées comme particulièrement impactantes pour la biodiversité.
Des risques pour la biodiversité
Lors de la construction, les travaux de préparation du sol et la mise en place des fondations détruisent des habitats marins et affectent des espèces peu mobiles, comme les mollusques et certains poissons. Ces impacts sont permanents lorsque les structures s’ancrent de manière définitive dans le sol, mais peuvent aussi être temporaires pour celles spécifiques au chantier.
Le battage des pieux, nécessaire à l’ancrage des fondations, est également étroitement surveillé, car il génère des ondes sonores susceptibles de perturber, voire de blesser certaines espèces marines, notamment les poissons et les mammifères. Pour atténuer ces effets, les développeurs utilisent principalement des rideaux de bulles autour du site d’installation ou déploient, sur l’ensemble de la zone de travaux, un filet équipé de balles en plastique, limitant ainsi la propagation du son. Une autre approche consiste à éloigner les mammifères marins avant le début des opérations de battage en émettant des sons d’alarme à l’aide de pingers et de sealscarers.

Lors de la phase d’exploitation, les éoliennes constituent également une menace pour les oiseaux et les chauves-souris. En raison de leur taille, il existe un risque de collision avec les pales, et elles peuvent perturber les trajets migratoires. Face à ce danger, l’une des actions les plus efficaces consiste à brider les machines et à réduire la vitesse de rotation des pales, voire à les arrêter lors des passages migratoires identifiés.
Par ailleurs, certaines espèces d’oiseaux marins sont attirées par les bases émergées des éoliennes, qu’elles utilisent comme reposoir. Ce comportement accroît leur vulnérabilité en vol, notamment lors des phases d’atterrissage et de décollage. D’autres composants, comme les câbles sous-marins et les postes électriques, peuvent également avoir un impact. Ils modifient les habitats locaux et génèrent des champs électromagnétiques dont les effets sur la faune marine restent encore mal connus. Autre point d’interrogation : les dispositifs anticorrosion des structures qui, en se dégradant, libèrent de petites quantités de métaux dans l’eau. L’impact à long terme de ce phénomène n’est pas encore totalement établi.
Des effets positifs autour des éoliennes
Les parcs éoliens en mer modifient les écosystèmes marins, avec des effets parfois bénéfiques. Leurs fondations, installées sur des fonds meubles, créent un récif artificiel. Ce nouvel habitat est rapidement colonisé par des moules, crabes, anémones et poissons, enrichissant la biodiversité locale. En Belgique, où des parcs éoliens en mer existent depuis plus de dix ans, les scientifiques ont observé une nette augmentation de la biomasse et de la diversité des espèces fixées, comme les algues et les coquillages.

Autre effet, lorsque la pêche est limitée autour des parcs, certaines populations de poissons peuvent se reconstituer. Ce phénomène est connu sous le nom d’effet réserve. Le parc danois de Horns Rev 1, opérationnel depuis 2002, a ainsi vu apparaître de nouvelles espèces de poissons sans perturber les populations existantes. Des études menées en Belgique et aux Pays-Bas suggèrent également une hausse du nombre et de la diversité des poissons en bordure des parcs éoliens. Mais ces effets ne sont pas systématiques. Une étude néerlandaise sur la première ferme éolienne du pays n’a pas observé de réel impact sur l’abondance des espèces à l’échelle de la côte, ce qui prouve que ces bénéfices varient selon les conditions locales.
Des initiatives de recherche en cours
Enfin, malgré toutes les études menées, les connaissances sur les impacts globaux de l’éolien en mer restent fragmentaires. Les études menées dans les différents parcs en activité montrent des effets différents selon les sites. Certains projets ont contribué à une augmentation de la biodiversité, tandis que d’autres ont eu des impacts plus limités.
Face à ces incertitudes, des efforts de recherche sont en cours. L’Ifremer et le CNRS ont été chargés de mener une étude scientifique approfondie sur l’impact des parcs éoliens en mer, tant sur la biodiversité marine que sur les écosystèmes côtiers et marins. Prévue pour durer deux ans à partir de novembre 2023, cette expertise vise à faire le point sur les connaissances actuelles et à évaluer si les enseignements tirés de l’étranger peuvent s’appliquer aux côtes françaises.
Turbidité de l’eau : La turbidité de l’eau est une mesure de son opacité due à la présence de particules en suspension. Elle quantifie l’état d’une eau troublée, que ce soit en milieu marin, d’eau douce ou saumâtre. Une eau turbide apparaît trouble, opaque ou colorée, affectant sa clarté et sa transparence. Ce phénomène a des conséquences sur l’écosystème marin. Chez les poissons, une forte turbidité peut obstruer les branchies, compliquer la respiration et perturber le développement des larves. La visibilité réduite gêne aussi leur alimentation et ralentit leur croissance. Les mammifères marins, qui s’orientent grâce aux ondes sonores, peuvent également être affectés par cette opacité de l’eau. Côté flore, le manque de lumière limite la photosynthèse et freine la croissance des plantes sous-marines. Les herbiers, refuges essentiels pour de nombreuses espèces, voient leur habitat modifié.